La Fête Régionale de l’Agriculture aura lieu à Champagney les 1er et 2 septembre 2018. Les Jeunes Agriculteurs de Dole et du Jura affinent le programme de ces deux jours, durant lesquels l’accent sera mis sur les nouvelles formes d’agriculture. En effet, l’évènement, qui accueillera de nombreux visiteurs, issus du milieu agricole ou non, sera l’occasion de leur montrer à quoi ressemble l’agriculture en 2018. Produire des denrées de qualité, dans le respect de l’environnement, voici le credo des agriculteurs d’aujourd’hui.

Pour le prouver, voici dès à présent deux témoignages de Jeunes Agriculteurs du secteur de Dole. L’un est installé sur une exploitation en agriculture biologique, et le second pratique l’agriculture de conservation.

Anthony Charpiot

  • Bonjour Anthony, peux-tu te présenter ?

J’ai 28 ans et j’ai effectué un bac pro CGAE et un BTS Asce à Montmorot.

Après avoir obtenu mon BTS, j’ai travaillé en tant que salarié agricole au groupement d’employeur du Jura DESFI pendant 5 ans. Puis, en 2016, je me suis installé sur l’exploitation familiale en remplacement de ma mère.

  • Peux-tu présenter ton exploitation ?

L’exploitation en polyculture élevage compte 2 associés (mon père et moi), pour une surface de 106 ha de Surface Agricole Utile (SAU). Sur la totalité, 30ha sont réalisés en céréale pour l’auto consommation des animaux et le reste est en surface fourragère. Notre lait est livré à la coopérative de Chevigny pour y être transformé en comté.

L’exploitation a subi deux virages importants dans le passé :

  • En 1998, dans un souci de trouver de la valeur ajoutée, mes parents décident de transformer leur exploitation laitière. Ils passent d’un système lait standard ensilage de maïs conventionnel à un système lait foin/regain en agriculture Biologique.
  • En 2008, ils ont l’opportunité de rejoindre la coopérative de Chevigny pour valoriser leur lait en comté.
  • Quels changements le passage en agriculture biologique a impliqué sur l’exploitation ?

Le passage en agriculture biologique a entrainé de repenser le système dans sa globalité avec par exemple :

  • Une recherche d’autonomie alimentaire et une augmentation de la part de surface fourragère dans la SAU
  • Une optimisation de l’utilisation des effluents (compostage)
  • Un soin des animaux effectué en phytothérapie, et plus de prévention
  • Du désherbage mécanique (herse étrille)

 

L’exploitation pratiquait déjà l’agriculture biologique depuis 16 ans lorsque je me suis installé. Il me paraissait évident de continuer sur cette lancée, surtout que cela correspondait à mes envies.

  • D’après toi, quel est l’avenir de l’agriculture française ?

Pour moi, l’avenir de l’agriculture française est directement corrélé avec la qualité de ses productions.

Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à ces signes qui sont gage de notre développement.

D’ailleurs, pour nous aider à réaliser ces bons produits, nous avons à notre disposition des outils connectés tels que les détecteurs de vêlages et de chaleurs, les GPS dans les tracteurs, les drones, les stations météo indépendantes.

Tout cela sera présenté lors de la Fête Régionale de l’Agriculture les 1er et 2 septembre 2018 à Champagney.

 

Maxime Barbier

  • Bonjour Maxime, peux-tu te présenter ?

J’ai 30 ans. J’ai réalisé mon cursus scolaire dans le domaine de l’électricité, et de la conception de machines automatisées (BEP, BAC, BTS).

Après mon BTS en 2008, j’ai préféré me tourner vers l’agricole en me faisant embaucher dans une ETA en grandes cultures. En effet, mes parents étant agriculteurs, j’ai baigné dans le monde agricole depuis tout petit, et je me suis rendu compte en travaillent en usine que le travail en extérieur était plutôt fait pour moi.

Après plusieurs échecs, je m’installe finalement hors cadre familial, à l’automne 2011, sur une exploitation comprenant 40ha de scoop. J’y cultive maïs, soja, blé, colza, orge, triticale en agriculture de conservation des sols.

  • L’agriculture de conservation, peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste et pourquoi tu as choisi de pratiquer ce mode d’agriculture ? 

En effet, une fois mon installation effectuée, un agriculteur de mon entourage m’a fait découvrir l’APAD Centre Est. J’ai effectué diverses formations, visites de fermes, tours de plaine organisés par cet organisme, ce qui m’a permis de me familiariser avec l’agriculture de conservation. J’ai choisi l’agriculture de conservation des sols pour ses multiples avantages : pas d’érosion des sols, maintien d’une meilleure biodiversité, séquestration du carbone, « garde-manger » pour le gibier et les abeilles, amélioration de la qualité de l’eau, optimisation des coûts de production. L’agriculture de conservation des sols est basée sur 3 piliers:

  • non travail du sol (le seul outil utilisé est un semoir spécifique pour enterrer le grain sans travail mécanique du sol)
  • couverture permanente du sol (avec couvert entre deux cultures de vente ou couvert permanent)
  • rotation la plus longue possible

En respectant scrupuleusement ces piliers, on favorise une structure équilibrée, riche en matière organique, avec une meilleure biodiversité. De plus en plus d’agriculteurs se tournent vers ces pratiques, aujourd’hui on estime 4% en France.

J’ai aussi choisi de pratiquer ce type d’agriculture parce que je souhaite laisser à mes enfants un sol vivant, et comme il faut 500 ans pour créer 3 cm de sol, je préfère y travailler dès maintenant.

 

  • Tu penses au futur, d’après toi, quel est l’avenir de l’agriculture française ?

Même si ces derniers temps sont très moroses, je pense que nous pouvons prouver aux consommateurs que nous produisons en France des denrées de qualité, et en quantité suffisante pour nourrir les français. La période du “tout chimique” du siècle dernier est loin derrière nous.

Grâce aux connaissances du sol qui évoluent, grâce aux nouvelles technologies, grâce au semis direct sous couvert, nous produisons toujours plus “propre” à mes yeux.

Mais les produits importés de l’étranger nous font du tort, qu’ils soient issus de l’agriculture biologique ou non ! En effet, les produits importés ne sont pas régis par les mêmes réglementations que nos produits. En agriculture biologique, les cahiers des charges des différents pays ne sont pas les mêmes, les OGM sont autorisés dans certaines zones de la planète et le recours au glyphosate sans limites également !

 

  • La Fête Régionale de l’Agriculture est un bon moyen pour communiquer sur ce type d’agriculture, et sur l’évolution des pratiques agricoles en général. Peux-tu nous expliquer sous quelle forme vous allez transmettre au grand public que les pratiques évoluent ?

Le but premier de la Fête Régionale de l’Agriculture est de montrer au grand public notre agriculture, nos savoir-faire, parce que nous, JA, nous sommes l’agriculture de demain.

C’est pourquoi les visiteurs pourront trouver un pôle des “savoir-faire” avec notamment des démonstrations de chiens de troupeau, un comice agricole, du labour à cheval, du battage à l’ancienne, du bûcheronnage. Un « pôle connecté” sera également proposé, mettant en avant les nouvelles technologies et nouvelles techniques utilisées dans l’agricole (autoguidage et coupures de tronçons automatiques à l’aide de GPS, utilisation de drones, démonstration de semis sous couvert, gestion de troupeau sur smartphone et tant d’autres).